samedi 20 août 2011

C'dans l'Air - Energie : la mer plus forte que l’atome ?

C'dans l'Air - Jeudi 18 août 2011


"À quand la voiture qui fonctionnerait à l'eau de mer ?"

Zut, alors !
La "pas-bonne" question !

"À quand la généralisation de la voiture qui fonctionne à l'air ?"



L'AirPod, avant de s'engager sur la route qui borde l'usine de Carros
L'équipe de MDI utilise régulièrement ses véhicules pour aller en ville.


Pour revoir l'émission :
http://www.france5.fr/c-dans-l-air/index-fr.php?page=resume&id_rubrique=1785


Parmi les points évoqués ...

0713
"les compteurs intelligents"


1038 "si vous prenez les réacteurs actuels de 2ème ou 3ème génération, c'est vrai qu'on peut manquer d'uranium dans quelques années si tout le monde s'y met.

1152
"Avant de remplacer l'atome il faudrait remplacer le charbon polluant"

énergies fossiles, du jour au lendemain
1214
"On découvre chaque année à peu près autant de champs pétrolifères que nous en consommons, mais ce pétrole est de plus en plus profond"



1245
Historien de la mer et membre de l’académie de Marine, Christian Buchet est auteur de plusieurs ouvrages, dont La mer : avenir de la Terre, co-écrit avec Philip Plisson et paru aux éditions La Martinière, et Une autre histoire des océans et de l’homme, édité chez Robert-Laffont.

"À cause de la pollution directe,d'après le ministère chinois de l'environnement, la pollution provoque 500.000 morts en Chine chaque année.D'après la Banque mondiale, c'est 700.000 morts.
Et donc vous avez des révoltes en Chine contre la pollution.Il faut savoir - et c'est un chiffre qu j'ai pu vérifier - que dans la province chinoise du Tcheng I où on prélève du charbon, un enfant né mal formé toutes les 30 secondes, à cause de ses émanations.
Donc, les énergies fossiles, ce n'est pas tant la pénurie mais il y a un problème sanitaire, pas uniquement pour ceux qui y travaillent directement, mais pour nous tous !"

1251
Directeur du Centre de recherche en économie et droit de l’énergie, au sein de l’université de Montpellier, où Jacques Percebois enseigne les sciences économiques et dirige le Laboratoire de Science Economique de Richter (LASER).
Il a participé à l’écriture de La politique française de l’énergie ainsi qu’à Gaz et électricité, publiés par la Documentation française en 2006 et 2008, et a coécrit Energie, économie et politiques, édité chez De Boeck en 2010.


Gaz de schiste :
"Le gaz, aujourd'hui : on parle souvent du nucléaire aux États-Unis ; qu'est-ce qui a compromis la relance, c'est pas la volonté politique, l'opposition des populations, c'est essentiellement l'apparition de gaz de schistes qui fait que le prix du gaz a chuté aux États-Unis.

Et donc la meilleure façon de faire de l'électricité aujourd'hui aux États-Unis, c'est d'utiliser des centrales à gaz.

Bon, alors le gaz de schistes, je dis pas que c'est la solution miracle parce qu'en effet, il y a de beaucoup de problèmes - on le voit - aux États-Unis.Maintenant il y a 8000 puits aux États-Unis ; attention, il y a peut-être - certains disent - 50 puits qui ont posé problèmes : il y en a 8000 qui ont été forés ; je veux dire : les Américains sont pas complètement fous, ils font pas non plus n'importe quoi.
Donc il y a un potentiel de gaz de schistes énorme en Europe, en Chine.
Pour l'instant, la France a décidé - je dirais - de bloquer le système ; je dis pas que dans l'état actuel de la technologie, avec les coûts actuels, c'est la solution miracle : je dis simplement que nous avons, aujourd'hui, pour faire de l'électricité, ben il y a les pays qui disent : "Moi, je cherche ... au fond, une politique énergétique c'est la recherche de priorités".

Quelle est la priorité ? l'indépendance énergétique ?Alors ça veut dire : "Vous ne voulez pas dépendre des autres ? Pas dépendre des autres pour votre approvisionnement ?"À ce moment-là, vous faites du nucléaire puisque vous avez une ressource qui est essentiellement technologique, qui est locale. Alors vous dépendez de l'uranium ! Mais l'uranium, c'est 5% du prix de revient du kWh nucléaire ; donc ça, c'est pas le problème.

Le 2ème point, c'est le coût.
C'est à dire que si vous prenez une énergie coûteuse, ben vos ménages, ils vont dépenser de l'argent, et aujourd'hui, il y a un problème de précarité énergétique pour les ménages : cela coûte cher.Et puis il y a un problème de compétitivité pour les entreprises.

Le 3ème critère, c'est évidemment la durabilité.Aujourd'hui ça devient un critère de plus en plus important ; c'est à dire qu'il faut que : "on respecte l'environnement".

Donc si vous voulez, là les choix sont très différents d'un pays à l'autre, en fonction des contraintes, en fonctions des préférences politiques, alors la France a choisi le nucléaire.

Aujourd'hui comme vous le savez, le gouvernement envisage de de réduire la part du nucléaire. Il y même des scénarios qui vont être mis en place par le ministère, hein, pour essayer d'envisager une réduction assez forte de la part du nucléaire.C'est des scénarios pour l'instant ; ça veut pas dire que c'est la politique qui va être adoptée.
Mais il y a des pays qui ont décidé d'en sortir, il y a des pays qui ont décidé de ne pas y rentrer.
Et les autres quel qu'ils font ? Eh bien, ils font des centrales à gaz, ils font des centrales au charbon."



Ainsi, au sein d'un débat consacré, une heure durant, à comparer l'énergie de la mer à celle de l'atome, Jacques Percebois aura donc réussi l'exploit de faire successivement l'apologie de gaz de schiste, du charbon est du nucléaire, en omettant que l'énergie à la fois la moins coûteuse et la moins polluante, c'est celle qu'on ne gaspille pas, ainsi qu'une quantité d'inconvénients rédhibitoires - mais prouvés - de ces dinosaures énergétiques.
Silence partisan, de surcroît, sur les économies énergétiques.

Comparons maintenant cette récitation saugrenue - et souvent hors-sujet - à la réalité des faits :

Gaz de schistes USA
(Jusqu'en 2004 la production y était quasi inexistante ):

Il semble que Jacques Percebois n'a pas les mêmes sources que les Américains eux-mêmes : par exemple, dans le New-York Times, le journaliste Ian Urbina mentionne, February 26, 2011, "Le paysage américain est criblé de centaines de milliers de nouveaux puits et forage, depuis que le pays s'est lancé dans cette nouvelle 'ruée vers l'or' du siècle - vers le gaz naturel."

Ou encore :
"Les risques sont particulièrement aigus en Pennsylvanie, qui vient de vivre un fort accroissement des forages, avec environ 71 000 puits de gaz actifs, contre environ 36.000 en 2000.
Le niveau de radioactivité dans les eaux usées a été parfois des centaines voire des milliers de fois le maximum autorisé par la norme fédérale pour l'eau potable. Tandis que les gens ne boivent évidemment pas des eaux des rejets de forages, la raison d'utiliser la norme d'eau potable pour la comparaison est qu'il n'ya pas de norme fédérale globale de ce qui constitue des niveaux de sécurité de la radioactivité dans les eaux des rejets de forages."






486862 - 341678 = 145184 puits,
soit (145184 - 8000) / 8000 *100 = 1714,8 % d'erreur.

Voilà de quoi relativiser le sérieux de ce débat !

Si l'on considère ces données professionnelles US, l'écart entre les données officielles, contrôlées, et celles minimisées par notre économiste suggère que ce dernier a perdu le sens de la mesure, ainsi que le bons sens tout court.

Les donateurs du CREDEN et du LASER, dirigés par notre éminent analyste, pourront donc continuer de rester généreux : pour une émission qui draine 1,5 à 2 millions de téléspectateurs, combien auront pu se faire une idée correcte des enjeux ?


Sources :
Reports & Statistics » Economic Reports & Industry Statistics
United States Petroleum Statistics
CHART: Operators & Producing Wells
http://www.ipaa.org/reports/econreports/Chart03.php


USA / Pensylvanie : la production de gaz de schiste suspendue suite à une explosion
A l'heure ou la bataille fait rage en France en partisans du gaz de schiste et écologistes, la nouvelle est d'importance. Une explosion s'est produite sur un puits de gaz de schiste en Pennsylvanie (est des Etats-Unis), des équipes de secours sont toutefois parvenues à colmater les fuites.
Vendredi, l'impact écologique de l'accident n'avait pu être déterminée. Mais en tout état de cause, la compagnie Chesapeake Energy - une des principaux producteurs de gaz de schiste de la région - a suspendu toutes ses opérations de forage en Pennsylvanie dans l'attente des résultats de l'enquête.
Des milliers de litres de liquides potentiellement toxiques se sont répandus dans une rivière voisine, sans que l'on puisse toutefois connaître l'ampleur de la fuite. Chesapeake a réussi à combler le puits à l'aide de plastique, de boue et de caoutchouc jeudi en fin d'après-midi.
A l'heure actuelle, le gaz de schiste représente 23% de la production de gaz naturel aux Etats-Unis, alors qu'il était négligeable en 2004.

Source :
"USA / Pensylvanie : la production de gaz de schiste suspendue suite à une explosion"
Par Elisabeth Studer le 24 avril 2011
http://www.leblogfinance.com/2011/04/usa-pensylvanie-la-production-de-gaz-de-schiste-suspendue-suite-a-une-explosion.html


Gaz de schistes et poisons cancérogènes :



Selon un rapport rédigé par la commission de l'énergie et du commerce de la Chambre des représentants américaine, l'exploitation du gaz de schiste a entraîné l'utilisation de "plus de deux mille cinq cents produits pour la fracturation hydraulique, contenant sept cent cinquante substances chimiques (...), dont vingt-neuf sont connues pour être cancérigènes, ou suspectées telles, ou présentant des risques pour la santé et l'environnement".


Photo : Agence France-Presse Robert Nickelsberg
Un ouvrier surveille la purge d’un puits de gaz de schiste dans l’État du Nouveau-Mexique, une scène typique qui pourrait se multiplier au Québec, en particulier sur la rive sud du fleuve, où se concentre l’essentiel des projets d’exploration et d’exploitation.



Sources :
"Que sait-on des gaz de schiste ?"
LEMONDE.FR | 22.04.11 | 17h16 • Mis à jour le 22.04.11 | 17h41
http://www.lemonde.fr/planete/article/2011/04/22/que-sait-on-des-gaz-de-schiste_1511443_3244.html

"Hydraulic fracturing and shale gas"
Posted Sat, 16 Jul 2011 13:50:00 GMT by Martin Leggett
http://www.earthtimes.org/encyclopaedia/environmental-issues/hydraulic-fracturing-shale-gas/

"Shale-gas drilling contaminating drinking water"
A high-tech drill method for natural gas is leaking flamable methane.
Wed May 11, 2011 09:31 AM ET - Content provided by AFP
http://news.discovery.com/earth/hydrofracking-shale-methane-leak-in-wells-110511.html

"Dossier noir sur le gaz de schiste"
1435 infractions relevées par la Pennsylvanie en deux ans et demi
Louis-Gilles Francoeur
http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/294953/dossier-noir-sur-le-gaz-de-schiste



Le journaliste Axel de Tarlé - dont le rôle de candide devenait intenable - essaya bien d'endiguer un tel "lyrisme" à plusieurs reprises, mais Jacques Percebois avait manifestement un autre message à asséner d'urgence aux téléspectateurs au cours de cette émission, i.e. ramenant les ennuis de la déconstruction de la centrale nucléaire de Brenillis à un simple débat politique, quand les problèmes techniques n'y trouvent toujours pas de solution viable, oubliant que tout comme l'énergie photovoltaïque le nucléaire est une énergie subventionnée grâce aux taxes et impôts payées par nos concitoyens.


Nous laissant sur notre faim concernant la mer, ses énergies et autres ressources, à comparer à l'atome, le reste de l'émission mit également en évidence que le solaire photovoltaïque reste un hobby coûteux pour ceux qui ont les moyens d'investir 30.000 euros et plus - rémunérés par ceux qui vivent la précarité énergétique au quotidien.
Un comble, mais pas le moindre des paradoxes apparents et des contre-vérités : allez vivre à 150 mètres d'une ligne HT de 400.000 volts et bonne chance pour la santé des vôtres.


Les explications ont parfois abordé la notion de "bouquet énergétique" à laquelle nous tenons beaucoup,
... mais si le cas des éoliennes et des hydroliennes fut évoqué, le fait du stockage énergétique ramené comme convenu aux batteries électriques, omettait le stockage par air comprimé.
Vivement que l'usine de Carros puisse produire les solutions de stockage propre.


Finalement, diffusée à l'heure de l'apéritif puis resservie à celle du digestif, l'émission n'avait vraisemblablement pas d'autre ambition que de rester au niveau des débats du Café du Commerce.
Pourquoi pas après tout ?
Tant que ça meuble.


La bonne question reste posée :

"À quand la généralisation de la voiture qui fonctionne à l'air ?"


2 commentaires:

  1. Bonjour
    Je partage votre analyse et vous félicite pour votre décryptage de l'émission.
    Effectivement pour une émission concernant la mer, beaucoup d'"énergie" dépensée pour assener le message de M. Jacques Percebois.
    Dommage, j'attendais plus de ce programme.

    L'information alternative est tout aussi importante que l'énergie alternative. Deux ingrédients de ce blog.

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  2. Bonjour Olivier,

    Merci pour vos encouragements.

    L'émission C'dans l'Air nous a montré que le rôle de l'animateur, dans ce genre de débats, est extrêmement difficile et délicat.

    Le directeur du Creden aurait pu montrer un peu plus de courtoisie vis à vis des 2 spécialistes légitimés par leurs réalisations dans le domaine des énergies propres venant du domaine maritime,
    à savoir :

    Christian Buchet
    http://www.france5.fr/c-dans-l-air/index-fr.php?id_article=2724&page=biographie

    Yves Paccalet
    (qui avait aussi travaillé avec le commandant Cousteau)
    http://www.france5.fr/c-dans-l-air/index-fr.php?page=biographie&id_article=7269
    http://requin.passion.free.fr/images/Requins%20Innocents.jpg

    72% de la surface du globe est de l'eau.

    À protéger, tout comme la pellicule que représente l'atmosphère et encore la couche arable de 30 cm d'épaisseur qui contient notre patrimoine pour l'agriculture.

    Quels défis pour nos générations !

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